La vallée de Shimshal

Nansen et la dérive du Fram – 1893-1896
13 décembre 2016
K2 – K6 – K7
13 mars 2017

Boucle dans la vallée de Shimshal
Juillet 1995

Cliquer sur les photos pour les agrandir

La vallée de Shimshal est située au Pakistan où elle rejoint la Hunza River et la Karakoram Highway (KKH) un peu en amont de Pasu. Elle est typique du Karakoram avec ses gorges étroites et profondes, parcourues par des sentiers vertigineux qui s'étendent sur 75km de longueur jusqu'au Shimshal Pass. Ce col facile à 4800m permet de rejoindre la vallée de la rivière Braldu et le bassin de la Shaksgam.

Sortie de la gorge de Shimshal. 16 juillet 1995.

Sortie de la gorge de Shimshal. 16 juillet 1995.

A plus de 3000m d'altitude, le village de Shimshal constitue un bon point de départ pour randonner dans cette partie du Karakoram.

 

En septembre 2015, la circulation sur la KKH a été rétablie après le percement de plusieurs tunnels. Elle était coupée depuis 5 ans, suite à l'énorme éboulement de Gulmit et à la formation du lac d'Attabad. Cette situation avait beaucoup compliqué l'accès à la vallée de Shimshal depuis Gilgit.

Nous avons randonné dans la vallée de Shimshal au cours des étés 1995 et 2000. Le chef du village de Shimshal avait recruté pour nous une petite équipe de porteurs qui nous a aidés à parcourir cette région magnifique.

Le village de Shimshal à 3000m d'altitude. 17 juillet 1995.

Le village de Shimshal à 3000m d'altitude. 17 juillet 1995.

14 au 31 juillet 1995
Boucle dans la vallée de Shimshal
 

En 1995, la route carrossable pour gagner Shimshal n'existait pas et l'on accédait au village en suivant un sentier dans une gorge spectaculaire depuis Pasu.

Sentier de la montée à Shimshal. 14 juillet 1995.

Sentier de la montée à Shimshal. 14 juillet 1995.

Sur le papier, notre itinéraire était superbe. Shimshal - Shimshal Pass - rivière Braldu - Chikar - glacier de Braldu - Lupke La - Snow Lake - glacier de Biafo jusqu'au village d'Askolé. Ce parcours comportait une inconnue de taille susceptible de faire échouer l'ensemble de notre voyage: la traversée à gué de la rivière Braldu. Nous en étions conscients mais espérions pouvoir traverser.

Gorge en montant au village de Shimshal. 14 juillet 1995.

Gorge en montant au village de Shimshal. 14 juillet 1995.

14 au 16 Juillet
Montée à Shimshal

Départ de Pasu le 14 juillet avec quelques porteurs qui nous accompagnent jusqu'à Shimshal. Il y a 3 jours de marche pour gagner Shimshal avec deux camps intermédiaires à Dute et Zyarat.

Les étapes avec les porteurs ne durent qu'environ 5h, mais elles ne sont pas faciles car il faut traverser de nombreuses pentes instables frisant les 40°. Heureusement que les intrépides habitants de la vallée entretiennent le chemin. Lors de notre montée, il faisait chaud, il n'y a aucun point d'eau en dehors des camps et nous avons eu très soif.

 

Sentier au-dessus de la gorge de Shimshal. 15 juillet 1995.

Sentier au-dessus de la gorge de Shimshal. 15 juillet 1995.

 

Dans la gorge conduisant au village de Shimshal. 15 Juillet 1995.

Dans la gorge conduisant au village de Shimshal. 15 Juillet 1995.

Le cadre est absolument grandiose et cette gorge est la plus belle que nous ayons eu l'occasion de parcourir. Le paysage est totalement minéral, sans aucune végétation, avec une rivière tumultueuse en contrebas qui ajoute de la tension à cette marche. Il faut rester concentré, regarder ses pieds en permanence et s'arrêter si l'on veut regarder le paysage car un instant d'inattention pourrait avoir de graves conséquences. Cette montée à Shimshal sur l'ancienne piste est une randonnée sérieuse mais sublime.

 

 

 

 

Le troisième jour, après avoir quitté le camp de Zyarat, on sort de la gorge et la piste traverse la vallée de Malungutti d'où la vue est très belle sur un des grands sommets du Karakoram tout proche, le Distaghil Sar (7885m).

Le Distaghil Sar (7885m) vu de la montée à Shimshal. 16 juillet 1995.

Le Distaghil Sar (7885m) vu de la montée à Shimshal. 16 juillet 1995.

Le vilage de Shimshal. 16 Juillet 1995.

Le vilage de Shimshal. 16 Juillet 1995.

 

 

 

Peu après, la vallée s'élargit et on débouche assez brutalement sur la plaine de Shimshal qui offre un fantastique contraste avec la gorge. Quelle beauté. La plaine est entièrement recouverte de champs verdoyants irrigués par des canaux bordés d'arbres au milieu desquels se situent les maisons du village. L'arrivée à Shimshal au débouché de la gorge, c'est la paix, le calme et la sérénité après l'orage et la tempête.

17 au 21 Juillet
Le Shimshal Pass

Une journée d'arrêt est prévue à Shimshal où les porteurs de Pasu redescendent. Shambi Khan, chef du village de Shimshal a constitué une petite équipe de villageois qui nous aidera durant la suite de notre périple. La chaleur, la poussière et le manque d'eau propre rendent cette journée fatiguante mais peu importe, au matin du 18 juillet, nous quittons Shimshal. Shambi Khan nous accompagne et emmène son jeune fils âgé de 12 ans.

Le Zard-i-Garbin Pass. 19 Juillet 1995.

Le Zard-i-Garbin Pass. 19 Juillet 1995.

Descente du Sach Mir Pass sur la vallée de Shimshal -Juillet 1995.

Descente du Sach Mir Pass sur la vallée de Shimshal -Juillet 1995.

 Après avoir traversé la rivière sur un petit pont situé en amont du village, nous remontons vers le nord la gorge de la rivière Zard-i-Garbin. 800m de montée assez rude sur un sentier vertigineux et dangereux par endroits, avec des traversées d'éboulis très raides. Par chance, on trouve de l'eau claire au milieu de cette grimpette. Camp magnifique à Shekhdalya (3960m).
Le jour suivant, après une montée vers l'est sans souci au Zard-i-Garbin Pass, une descente difficile conduit au pied du second col de la journée, le Sach Mir Pass (4725m). Longue descente du Sach Mir Pass vers l'est pour rejoindre la vallée de la rivière Pamir-i-Tang où un camp est établi alors que le terrain devient plus facile.

Troupeaux de yacks au Shimshal Pass (4820m). 21 Juillet 1995.

Troupeaux de yacks au Shimshal Pass (4820m). 21 Juillet 1995.

Nous pénétrons dans une vallée d'alpages verdoyants conduisant au Shimshal Pass et, au-delà, à la rivière Braldu. Une journée de marche facile conduit à l'alpage de Shuijerab (4300m). Camp sur l'herbe verte. Le lendemain, une petite montée conduit à un vaste plat montant qui rejoint le Shimshal Pass (4820m). Deux lacs agrémentent le paysage et notre casse-croûte au milieu des troupeaux de yacks.

Le Shimshal Pass (4820m). 21 Juillet 1995.

Le Shimshal Pass (4820m). 21 Juillet 1995.

Le lac du Shimshal Pass à plus de 4800m. 21 Juillet 1995.

Le lac du Shimshal Pass à plus de 4800m. 21 Juillet 1995.

 La descente du Shimshal Pass conduit, vers 4500m, à l'alpage de Shuwari où nous passons une assez bonne nuit malgré l'altitude. Cet alpage est habité par une partie des villageois de Shimshal qui passent l'été ici avec leurs troupeaux de yacks et de moutons en produisant beurre, yaourts et fromages. Les villageois qui sont montés avec nous et ont porté notre matériel retrouvent avec joie leurs femmes et leurs enfants.

L'été, il existe une repartition des tâches entre les hommes qui demeurent à Shimshal pour entretenir les champs et les canaux d'irrigation tandis que les femmes et les enfants montent vers les alpages, surveillent les troupeaux et fabriquent les produits laitiers.

Nous sommes ici chez des musulmans qui sont des Ismaéliens comme tous les habitants de la haute vallée de Hunza. Il s'agit d'une branche du chiisme dont le chef est le Prince Karim Aga Khan IV. Celui-ci est à la tête d'une riche fondation qui exerce une activité importante dans les domaines de la santé et de l'éducation chez les populations ismaéliennes. Ici, les femmes ne sont pas voilées, sont habillées de vêtements très colorés et se mêlent aux hommes dans les villages.

Femmes de Shimshal et leurs enfants à l'alpage de Shuwari (4500m). 22 Juillet 1995.

Femmes de Shimshal et leurs enfants à l'alpage de Shuwari (4500m). 22 Juillet 1995.

Vue sur l'alpage de Shuwari (4500m). 22 Juillet 1995.

Vue sur l'alpage de Shuwari (4500m). 22 Juillet 1995.

22 au 24 Juillet
Shuwari, Chikar et la rivière Braldu

Le 22 juillet, c'est un peu la fête au village et nous passons la matinée à Shuwari, histoire de s'acclimater à l'altitude. Dans l'après-midi, balade avec les porteurs qui nous offrent du thé, de la rhubarbe sauvage et des chapatis dans une maisonnette enfumée. Chaque année, 6 hommes de la vallée de Shimshal hivernent ici pour s'occuper des troupeaux de yacks. Ce ne sont pas les mêmes tous les ans mais enfin, au mois de janvier, à 4500m d'altitude, le froid est intense et l'hivernage doit être rude.
En chemin, nous rencontrons des empreintes de loup et nos amis nous montrent un système destiné à piéger les loups car, en hiver, ceux-ci s'attaquent aux moutons et aux jeunes yacks.

Un peu plus loin, ils dénichent avec leurs jumelles un troupeau de barhals (genre de mouflon) et deux d'entre eux partent aussitôt à la chasse.
Retour à Shuwari pour une seconde nuit. Surprise au petit matin : les deux porteurs partis à la chasse sont revenus avec un barhal. Ils ont réussi à s'approcher de la harde d'une vingtaine d'individus et à en tirer un. Petit déjeuner au soleil tandis que les villageois procèdent au dépeçage du barhal qui va finir dans la cocotte minute.
Départ avec des yacks qui ont remplacé les porteurs jusqu'à Chikar pour nous aider à franchir la Braldu. Descente facile vers Chikar entrecoupée par la traversée de la rivière de Shuwari sur le dos d'un yack.
 Agréable camp à Chikar avec de la verdure, de l'eau claire et même quelques arbres au bord de la Braldu qu'il faudra traverser demain.

 

Enfants au village de Shuwari - 23 juillet 1995.

Enfants au village de Shuwari - 23 juillet 1995.

La vallée de la rivière Braldu à Chikar, vue vers l'amont - 24 juillet 1995.

La vallée de la rivière Braldu à Chikar, vue vers l'amont - 24 juillet 1995.

 

Le 24 juillet est le jour de vérité: allons-nous traverser la Braldu ? Depuis hier, nos regards sont fixés sur cette rivière. Elle est assez large, l'eau est chargée de limons et le courant est très puissant. De plus, il existe un transport de pierres et de blocs important comme le montre le bruit sourd et continu des cailloux qui s'entrechoquent dans la rivière. Pas sympathique du tout et assez dangereux, même si la profondeur n'est sans doute pas très importante.
Deux porteurs montés sur des yacks s'élancent. Tout va bien jusqu'au milieu de la rivière où les yacks refusent de poursuivre à cause de la violence du courant qui les entraîne.

Nouvelle tentative avec cette fois deux porteurs supplémentaires qui poussent les yacks, ceux-ci refusent à nouveau de s'engager dans le chenal principal où le courant est trop violent. Après trois tentatives, nous devons renoncer. Impossible de franchir à gué un courant aussi puissant sans être emporté et rapidement noyé.

Les rivières du Karakoram sont infranchissables l'été en l'absence de pont ou de cable. Nous pensions très naïvement que la Braldu était une petite rivière que l'on pourrait franchir en se mouillant un peu, c'était une erreur car il n'y a pas de petite rivière au Karakoram en juillet ! Il y a deux ans, nous avions attendu la mi-septembre pour pouvoir franchir la Shaksgam.

 

Les yacks dans la rivière Braldu près de Chikar. 24 Juillet 1995.

Les yacks dans la rivière Braldu près de Chikar. 24 Juillet 1995.

25 au 28 Juillet
Le retour vers la KKH

Des sentiers vertigineux dans des gorges grandioses. Vallée de Shimshal, 27 Juillet 1995.

Des sentiers vertigineux dans des gorges grandioses. Vallée de Shimshal, 27 Juillet 1995.

Des sentiers vertigineux dans des gorges grandioses. Vallée de Shimshal, 27 Juillet 1995.

Des sentiers vertigineux dans des gorges grandioses. Vallée de Shimshal, 27 Juillet 1995.

Des sentiers vertigineux dans des gorges grandioses. Vallée de Shimshal, 27 Juillet 1995.

Des sentiers vertigineux dans des gorges grandioses. Vallée de Shimshal, 27 Juillet 1995.

Sentier à la sortie de la gorge de Shimshal. 16 Juillet 1995.

Sentier à la sortie de la gorge de Shimshal. 16 Juillet 1995.

 

 

Nous n'avons plus qu'à revenir vers le Shimshal Pass et l'alpage de Shuijerab d'où il sera possible de rentrer vers Pasu et Gilgit par un itinéraire différent de celui de l'aller. Deux journées de marche faciles nous ramènent à l'alpage de Shuijerab. De là, un sentier vertigineux mais absolument grandiose, suivant la rive gauche de la rivière Pamir i Tang permet de rejoindre la Shimshal River au départ de la piste conduisant vers la KKH à travers les cols situés au nord de Shimshal.

29 et 30 juillet
Boesam Pir Pass et Chapchingal Pass

Vue depuis le sommet du Boesam Pir Pass (5080m). 29 Juillet 1995.

Vue depuis le sommet du Boesam Pir Pass (5080m). 29 Juillet 1995.

Vue depuis le Chapchingal Pass (5150m) sur la vallée de la Chapchingal River. Au fond, le camp de Warbin. 30 Juillet 1995.

Vue depuis le Chapchingal Pass (5150m) sur la vallée de la Chapchingal River. Au fond, le camp de Warbin. 30 Juillet 1995.

L'étape conduisant au Boesam Pir Pass (5080m) est facile mais très longue. Nous parvenons vers 18h au camp de Warbin situé à l'entrée de la vallée de la Chapchingal River. Le camp est difficile car il n'y a pas d'eau claire. Le lendemain, 4h de rude montée sur un sentier très raide mais assez facile nous conduisent au Chapchingal pass (5130m). La descente du versant nord du col est moins évidente et serait même sérieuse s'il y avait de la nege ou de la glace ce qui n'était pas le cas. Une fois ce mauvais pas franchi, 3h de marche nous ramènent au poste de police de Kuksel sur la KKH.

 

Gorge en amont du village de Shimshal. 28 Juillet 1995.

Gorge en amont du village de Shimshal. 28 Juillet 1995.

Vue depuis le Chapchingal Pass (5150m). 30 juillet 1995.

Vue depuis le Chapchingal Pass (5150m). 30 juillet 1995.

Marc Breuil et Béatrice de Voogd ont visité la vallée de Shimshal du 14 au 31 juillet 1995.

Carte

Vallée de Shimshal