Coincées entre la Russie et la Chine, les steppes mongoles nous ont offert un voyage original à une époque aujourd'hui révolue.
Trois fois plus vaste que la France, la Mongolie ne compte que 3 millions d'habitants dont un million vivent aujourd'hui dans la capitale du pays: Oulan Bator. C'est dire que la densité de population est faible et que l'espace ne manque pas. Environ un tiers de la population est nomade ou semi-nomade, vivant dans des yourtes et pratiquant un élevage extensif sur d'immenses surfaces. Il y a très peu de terres arables et de cultures. Le climat est continental, avec des hivers très froids où le thermomètre peut descendre jusqu'à -40°C. Les précipitations sont faibles, sous forme de neige en hiver et d'orages parfois violents en été. Le désert de Gobi au sud et la chaine de l'Altaï à l'ouest et au sud-ouest du pays ne sont guère propices aux randonnées en vélo mais les vastes steppes herbeuses du centre et du nord du pays lui sont bien adaptées.
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Le long de la route de Tosontsengel - Juillet 1994.
Un peu d'histoire
En 1924, un régime communiste prend le pouvoir en Mongolie avec le soutien d'auxiliaires soviétiques et les nouveaux dirigeants mongols s'alignent sur l'Union soviétique. En 1951, peu de temps après l'arrivée au pouvoir de Mao-Tsé-Toung, la Chine reconnaît la République Populaire de Mongolie amenant ainsi une normalisation des relations et du commerce entre les deux pays. Cependant, la rupture des relations sino-soviétiques à la charnière des années 50/60 met un terme à cette situation. La Mongolie renforce alors des liens déjà étroits avec l'URSS en signant des traités d'amitié et d'assistance avec elle et en laissant installer des bases militaires russes durant les années de guerre froide.
La steppe sur la route de Tosontsengel - 26 Juillet 1994.
La Mongolie devient alors très dépendante de l'URSS pour les produits manufacturés et la nourriture qu'elle ne produit pas (essentiellement les aliments à base de céréales). En octobre 1989, la chute du mur de Berlin ébranle l'URSS qui s'effondre complètement deux ans plus tard. La Russie reprend les trois quarts du territoire de l'URSS dont la totalité de la Sibérie et de la frontière mongole. Les années suivantes sont très difficiles pour la Russie: chute importante du PIB, inflation considérable, chômage, fermetures d'usines et de bases militaires, révolte en Tchétchénie et incertitudes politiques.
Ces désordres économiques entraînent en 1992/93 un retrait des conseillers soviétiques qui se trouvaient en Mongolie et la suppression brutale de l'assistance que l'URSS apportait à la Mongolie depuis la fin des années 50. Ces mesures ont fortement perturbé la situation de la Mongolie. Lors de notre arrivée dans le pays en juillet 1994, nous n'étions pas conscients de cette situation que nous allons découvrir à nos dépens au fil des jours.
Moscou, la Place Rouge. 12 juillet 1994.
Le plan du voyage
L'accès à la Mongolie s'effectue par sa capitale Oulan Bator située sur la ligne du Transsibérien reliant Moscou à Pékin. Il nous a donc paru intéressant de prendre ce train mythique pour rejoindre Oulan Bator depuis Moscou puis de le reprendre à Oulan Bator à la fin du voyage en vélo pour gagner Pékin. Un avion de Paris à Moscou à l'aller et de Pékin à Paris au retour complétait la boucle en nous permettant de visiter Moscou à l'aller et Pékin au retour.
Moscou. Eglise orthodoxe à l'intérieur du Kremlin. 12 juillet 1994.
Une cabine en première classe avait été réservée dans le Transsibérien afin d'avoir la place de mettre nos vélos ce qui était impossible dans les autres cabines. Les vélos ont été transportés montés et protégés par des cartons lors des vols Paris-Moscou et Pékin-Paris.
Petit détail : en 1994, il était obligatoire d'avoir une réservation dans un hôtel de Moscou agréé par l'Intourist pour pouvoir acheter un billet sur le Transsibérien. Nous avions donc réservé deux nuits à l'hôtel Belgrad où une hôtesse de l'Intourist est venue nous remettre nos billets le matin du départ.
Le matériel
Nous avions prévu 24 jours de pédalage et fait le choix de la légèreté. Seulement 10Kg de nourriture pour 2 personnes (on pensait en acheter sur place), pas de réchaud ni de combustible (on fera du feu tous les jours avec du bois ramassé sur le bord des pistes) et des vêtements réduits à l'essentiel. Une tente, deux sacs de couchage et un outillage complet pour réparer les vélos. Une boussole et la carte de navigation aérienne au 1/500.000 pour se repérer.
Moscou
Quelques bons et mauvais souvenirs émergent de nos deux journées passées à Moscou. Du côté des bons, l'incontournable visite de la Place Rouge et des églises orthodoxes situées à l'intérieur du Kremlin. Du côté des mauvais, la palme revient sans aucun doute à l'hôtel Belgrad qui est une arnaque aussi monstrueuse qu'obligatoire. Le petit déjeuner, servi dans une salle prévue pour 300 convives, où 10 touristes affamés dégustaient du pain rassis, un café immonde à payer en supplément et des saucisses tièdes nageant dans la graisse est inoubliable ! Enfin, le voyage de l'hôtel à la gare fut un exercice intéressant. La traversée de chaque carrefour exige en effet d'utiliser un passage souterrain. Pour cela, il faut descendre deux ou trois étages sur des escaliers puis les remonter une fois le carrefour franchi. Avec des vélos chargés, c'est une bonne mise en forme pour la Mongolie.
Moscou. L'église Saint Basile sur la Place Rouge. 13 juillet 1994.
Le Transsibérien
Le 13 juillet à 17h, le Transsibérien s'ébranle: direction Oulan Bator, à 6300km. L'arrivée est prévue le 18 juillet à 8h. Nous avons retiré les roues des vélos afin de pouvoir les installer dans la cabine. Pour le reste, nous disposons de deux lits confortables, de quelques roubles pour acheter un peu de nourriture au gré des arrêts et d'un service d'eau chaude assuré de temps en temps. Tout va bien !
En vélo dans Moscou vers la gare du Transsibérien. 13 juillet 1994.
Après avoir rejoint les rives de la Volga à la tombée de la nuit, nous sombrons dans un profond sommeil et n'ouvrons les yeux qu'en fin de matinée à l'arrêt de Balezino. Les paysans du coin sont alignés sur le quai de la gare et se précipitent pour nous vendre des poulets cuits, du saucisson, des fraises, du lait, des brioches etc... Très sympa. Après avoir ainsi fait nos courses au pied des wagons, déjeuner tranquille avant l'arrivée à Perm, grand port sur la rivière Kama, à 1400km de Moscou. Toute la journée, le paysage était assez monotone avec des forêts de pins et de bouleaux parsemées de clairières marécageuses.
Sur le quai de la gare de Balezino. 14 juillet 1994.
La gare de Novo-Sibirsk. 15 juillet 1994.
La soirée se termine alors que nous arrivons à Ekaterinenbourg. C'est ici qu'en juillet 1918, le dernier Tsar Nicolas 2, sa femme et leurs 5 enfants ont été fusillés par les Bolcheviks, puis enterrés dans une forêt voisine où leurs corps ont été retrouvés et identifiés il y a seulement 4 ans.
Seconde nuit de 10 ou 11h avant de rejoindre Omsk dans la matinée. Courses sur le quai de la gare de Omsk. Aujourd'hui, ce sera poulet rôti, pain, saucisson, tomates et concombres. Le train s'arrête environ toutes les 4 ou 5h pour changer de locomotive. L'après-midi, nous traversons une succession d'usines et de petites villes délabrées, rouillées, tordues où tout semble s'être arrêté et la journée se termine sur un chef d'oeuvre stalinien: Novo Sibirsk.
Au matin du 16 juillet, réveil à Krasnoiarsk sur le fleuve Iénissei et achat de lait pour le petit déjeuner. La ville est un immense dépotoir avec des cheminées d'usines qui crachent des choses de couleurs bizarres. Il y a peu d'activité et, ici encore, tout semble à l'abandon. Au delà de Krasnoiarsk, le paysage devient beaucoup plus sympathique avec quelques collines verdoyantes, des champs, un habitat rural et des forêts de bouleaux, pins et mélèzes. Les femmes travaillent aux champs, il fait chaud et elles sont en bikini, parfois torse nu !
Notre quatrième nuit dans le Transsibérien est aussi longue et calme que les précédentes et le réveil a lieu un peu après Irkoutsk, le long du lac Baïkal. Beaux paysages de montagnes couvertes de forêts. Dans la journée, nous atteignons Ulan Ude, à 5600km de Moscou.
Le Transsibérien traverse le fleuve Iénissei devant la ville de Krasnoiarsk. 16 juillet 1994.
Le Transsibérien en gare d'Oulan Bator. 20 juillet 1994.
C'est ici que le Transsibérien se divise en deux branches. La première, qui correspond au véritable Transsibérien dans la mesure où elle traverse toute la Sibérie, poursuit vers l'est jusqu'au port de Vladivostock sur le Pacifique. La seconde, que l'on appelle le Transmongolien et que nous allons emprunter oblique vers le sud, traverse toute la Mongolie et gagne Pékin. Nous voici donc sur le Transmongolien sans descendre du wagon. Le poste frontière russe de Naushki est situé 300km au-delà du carrefour de Ulan Ude. Aucun problème pour nous ni pour les vélos à la frontière, mais nous demeurons 3h à Naushki en attendant que les Russes contrôlent le train. On repart de nuit pour gagner le poste frontière mongol de Sukhbaatar. Tout se passe bien mais le contrôle mongol dure près de 2h.
Tous ces arrêts étaient inclus dans l'horaire et le lendemain matin, 18 juillet à 8h, nous sommes à Oulan Bator, capitale de la Mongolie. Le Transsibérien est un excellent train qui arrive à l'heure prévue.
Oulan Bator
Les roues des vélos sont prestement remontées et quelques minutes après l'arrivée du train, nous pédalons dans les rues d'Oulan Bator. Les deux journées suivantes sont consacrées à organiser notre périple en vélo prévu au départ de la ville de Tsetserleg. Nous comprenons assez vite qu'il est impossible de mettre nos chers vélos dans le bus pour Tsetserleg. Avec un peu de chance, et surtout l'aide efficace et sympathique d'un mongol professeur de français rencontré au restaurant, nous dénichons une jeep pour effectuer ce parcours de 500km.
Le Parlement de Mongolie à Oulan Bator. 19 juillet 1994.
D'Oulan Bator à Tsetserleg
Au matin du 20 juillet, nous quittons donc Oulan Bator pour Tsetserleg, tassés dans une jeep, avec un vélo ficelé sur le toit, l'autre accroché à l'arrière et des gens sympas qui nous font une excellente introduction au voyage en Mongolie. Le soir, petit détour par la yourte des copains du chauffeur qui veut acheter un mouton. Nous prenons ici notre premier repas mongol avant de repartir sous une pluie torrentielle avec un mouton vivant sous les pieds. Enfin, à 2h du matin, le chauffeur va réveiller le patron de l'hôtel de Tsetserleg et il est possible de se reposer un peu.
Jeep entre Oulan Bator et Tsetserleg. 20 juillet 1994.
L'hôtel n'a pas d'eau. Cela nous étonne un peu dans un pays verdoyant et bien arrosé mais c'était courant à l'époque. Petit déjeuner froid car pas de réchaud et rien sur place. A force d'insister, on finit par obtenir 3l d'eau dans des bouteilles recyclées. On découvre un ruisseau de type égout derrière l'hôtel pour laver les vélos qui ont souffert au cours du voyage depuis Oulan Bator. Une visite de la ville nous fait découvrir des boutiques désespérément vides de tout. Nous n'avons même pas réussi à trouver un morceau de pain.
Autour de Tsetserleg. 22 juillet 1994.
De Tsetserleg à Tosontsengel
Le 22 juillet, nous quittons enfin Tsetserleg et commençons à pédaler en direction de Tosontsengel situé à plus de 400km. Rude montée au départ de Tsetserleg avec les vélos chargés. Un peu plus loin, une source d'eau claire nous permet de remplir les bidons; après les deux jours passés à Tsetserleg, nous avons compris que l'eau claire potable n'était pas un produit très courant au milieu des steppes mongoles. Premier orage assez violent dès midi, par chance, il y a un abri d'où l'on repart à la première éclaircie avant d'éclater un pneu. Réparation, mais aucun abri pour l'orage de grêle de 14h. On pédale sous la pluie avant de monter la tente en grelottant. Nous sommes trempés et le dîner sera froid car nous n'avons pu ramasser du bois. La soirée s'achève avec une visite de nomades qui viennent inspecter notre yourte.
Petit déjeuner froid le lendemain. Plusieurs orages très violents avec des traversées de rivières «humides». Les ponts sont à moitié détruits ce qui présente au moins l'avantage d'être une bonne source de bois. On en ramasse et ce soir, le dîner sera chaud. Le troisième jour débute par une montée difficile car la piste est vraiment mauvaise; du sable humide dans lequel les vélos chargés s'enfoncent. La fin est plus agéable et nous aurions bien pédalé plus longtemps si un gros orage ne nous avait pas obligé à dresser la tente. Départ tardif à cause d'une longue séance de réglage des patins de freins qui ont une fâcheuse tendance à toucher les pneus et à les faire éclater. Le temps se gâte rapidement après le départ: orages et vent violent comme chaque après-midi.
Sur la route de Tosontsengel. 27 juillet 1994.
Sur la route de Tosontsengel. 28 juillet 1994.
La galère est d'autant plus grande aujourd'hui que la piste est mauvaise: tôle ondulée, innombrables trous, pierres, sable humide, boue, bref, la totale. Dans la soirée, nous trouvons enfin un cours d'eau pour nous réapprovisionner et planter la tente sous une pluie battante. Une accalmie bienvenue permet de faire du feu et donc une tambouille chaude bien méritée.
Enfin du beau temps ce 26 juillet. La matinée est très agréable et nous pédalons allègrement le long du lac Horgo où il y a beaucoup d'oiseaux et des vols de canards. L'ambiance se gâte dans l'après-midi car, peu après Tariat, nous croisons deux cavaliers dont l'un est manifestement ivre. Ils nous agressent pour profiter des charmes de Béatrice et pour nous voler divers objets en espérant trouver de l'alcool.
Béatrice parvient à s'échapper après avoir reçu deux coups de gourdins et va chercher du renfort tandis que je me débat avec l'homme ivre qui tient à peine debout mais possède un couteau. Béatrice revient avec un cavalier qui met de l'ordre et nous nous en tirons finalement avec une paire de lunettes cassée, un bidon d'eau et 1kg de semoule en moins, mais que d'émotions ! Peut-être qu'un voyage à 4 éviterait ce genre d'ennuis. Nous allons planter la tente loin de la piste et des regards indiscrets. Après une nuit tranquille, on s'arrête dans la première bourgade où des voyageurs locaux nous indiquent la meilleure route à suivre pour gagner Tosontsengel.
Toujours vers Tosontsengel - 27 juillet 1994.
A peine quitté le village, un violent orage nous conduit dans un abri à bétail situé le long de la piste. Voyant les vélos, de charmants mongols viennent nous offrir deux bouteilles de lait de yak, du pain et du fromage. Copieux déjeuner avant une succession d'averses impressionnantes et d'accalmies. Le ciel s'éclaircit dans la soirée, la tente est installée et, à 11h du soir, les mongols reviennent nous apporter du yaourt. Demain, nous irons les voir chez eux, c'est promis.
Devant une des yourtes de la famille mongole qui nous a reçus. Fromage en train de sécher. 28 juillet 1994
Beau temps. Après le thé et le yaourt, il faut aller rendre visite à nos amis mongols (2 familles et 4 générations) qui nous attendent pour une copieuse collation. Thé, fromage et crème fraiche en hors-d'oeuvre puis la soupe constituée de morceaux de moutons et de pâtes fraîches fabriquées sous nos yeux, le tout jeté dans de l'eau bouillante. Comme toujours, l'intérieur des yourtes est très propre, bien arrangé, avec de nombreuses photos de famille au mur. Nous partons à midi, l'estomac trop plein pour attaquer la montée au col qui nous attend. Repos et digestion près du torrent qui irrigue ce fond de vallon. On repart après la sieste, la piste est bonne et monte régulièrement au col. Descente agréable dans des champs d'aconites avant un camp paisible.
Famille à l'Intérieur de la yourte où nous avons été invités. 28 juillet 1994.
La famille mongole, Béatrice et son vélo devant les yourtes. 28 juillet 1994.
Le 29 juilllet, journée pluvieuse et ventée du matin au soir. Départ difficile avec ces conditions. Un premier col sous une pluie battante, une traversée de rivière «humide» avant un second col sous lequel on campe à 45km de Tosontsengel. Après avoir allumé le feu matinal pour le thé, départ pour Tosontsengel que l'on rejoint assez facilement car il ne pleut pas. La ville est morte et lugubre. La présence soviétique a légué des centaines d'hommes désoeuvrés près d'une usine, maintenant désaffectée. Un petit «hôtel», sans eau, nous loue une chambre simple et un local fermé pour les vélos. Nous ne voulons pas camper près d'une ville où l'alcool est de toute évidence largement répandu, même si on ne voit aucune boutique qui en vende.
Le patron de l'hôtel (quels grands mots !) nous conduit en vélo jusqu'à la boulangerie que nous n'aurions jamais trouvé sans lui. On y achète un morceau de pain noir rassis avant de faire la tournée des boutiques de la ville, espérant regarnir un peu nos maigres provisions. Mais à part des bonbons, quelques morceaux de savon et des cigarettes, tout est vide. La visite de Tosontsengel s'achève à l'aéroport où nous avons vu un avion se poser puis décoller. Nous y sommes accueillis à bras ouverts dans une yourte habitée par le couple qui construit l'aérogare. Ils nous préparent un excellent dîner avec des pâtes au mouton, du «toss» et des myrtilles sauvages. On communique en russe avec eux, ils sont vraiment très gentils. Retour à notre palace pour la nuit.
Cavaliers mongols franchissant un torrent. Marc et son vélo. 27 juillet 1994.
De Tosontsengel à Morhon
Temps exécrable dès le matin pour le départ de Tosontsengel. Muesli froid dans notre chambre sinistre, sale et sans eau. Entre deux averses, promenade jusqu'aux WC constitués d'un trou entre 4 planches au milieu de la cour. En fin de matinée, nous décidons de quitter cette ville sordide malgré la pluie. Dans le sable, la progression est lente et les orages débutent tôt. Grêle, vent et forte pluie entrecoupés de courtes accalmies se succèdent tout l'après-midi. La tente est montée en vitesse près de la piste avant la dixième douche et avec seulement 2l d'eau. Un comble au vu des quantités déversées sur nos têtes aujourd'hui.
Vers Morhon. 5 août 1994.
Les quatre premiers jours du mois d'août sont marqués par un temps exécrable et une pluie presque continue, simplement entrecoupée par de rares accalmies d'une vingtaine de minutes chacune. Dans ces conditions, nos étapes ont rarement dépassé 30km, l'état des pistes rendues glissantes, les gués à traverser et quelques crevaisons compliquant encore une situation difficile.
Le temps commence à se rétablir le 5 août. Il ne pleut plus et la route est facile jusqu'au village de Tsagan Oul où nous trouvons un petit restaurant qui nous sert le traditionnel bol de soupe avec des nouilles et des morceaux de graisse de moutons. Cela nous change de Tosontsengel mais on n'échappe quand même pas à l'orage de 18h.
Deux belles journées sans nuage nous permettent de gagner Morhon le 7 août. Route assez bonne malgré la tôle ondulée et plusieurs crevaisons. L'arrivée à Morhon se fait attendre car l'unique pont est loin de la ville. On trouve facilement le seul hôtel de la ville, sans eau évidemment. Le restaurant est fermé et nous faisons un feu et notre tambouille dans la cour de l'hôtel ce qui ne choque personne.
Les boutiques de Morhon ressemblent à celles de Tsetserleg ou de Tosontsengel; elles sont vides hormis des cigarettes, quelques bières et du savon. A propos du savon que l'on trouve partout, comment les gens peuvent-ils s'en servir sans eau ? Mystère. Pour le pain, il y a la queue et nous achetons un seau de myrtilles très bonnes.
En arrivant à Morhon - 7 Août 1994
Le lac Hövsgör près de Xatgal. 10 août 1994.
On poursuit le 9 août par une longue étape sur une route jonchée de pierres avec des portions en tôle ondulée. Orage habituel vers 17h avant d'arriver sur une sorte de presqu'île où est située Xatgal. De là, on ne se rend pas compte de la taile du lac Hövsgöl qui fait pourtant 100km de longueur sur plus de 25km de largeur. A Xatgal, nous arrivons dans un hôtel de luxe avec des bougies gentiment fournies par la patronne et des draps propres ! Bien sûr, il n'y a pas d'eau mais on nous prépare le dîner. C'est beaucoup mieux que Tosontsengel et nous passons une excellente nuit.
Au petit déjeuner, on nous sert un superbe poisson cuit au four avec du thé salé. En fait, la surprise passée, le poisson est excellent, abondant, chaud et bien préparé. Après ces agapes matinales, départ pour longer la rive ouest du lac Hövsgör. Beau sentier forestier avec pas mal de fleurs avant un camp sympa au bord du lac. Il y a beaucoup de poissons que l'on voit sauter sur le lac, demain,nous allons pêcher. Ce 11 août, longue balade en forêt avant la pluie de la mi-journée. On prépare la ligne de pêche, les poissons sautent dans l'eau et nous narguent mais, après une heure d'efforts, nous demeurons bredouille. Nous sommes de très mauvais pêcheurs !
Vers Xatgal. 8 août 1994.
Après une ultime journée de balade le long du lac, retour à Xatgal où notre périple va se terminer. La fin est sans histoires: jeep pour Morhon et avion pour Oulan Bator où le Transmongolien pour Pékin nous attend.
Pékin
Trois grands souvenirs émergent de notre court séjour à Pékin. La visite de la Cité Interdite tout d'abord. Longue, épuisante, mais passionnante et magnifique. Une foule de touristes, chinois évidemment, et très peu de non asiatiques. Les vélos demeurent toute la journée enchaînés à une grille près du guichet d'entrée pendant que nous suivons pas à pas la visite du Guide Bleu.
L'entrée de la Cité Interdite à Pékin avec le portrait de Mao Tsé Toung. 20 août 1994.
Le second moment fort a été la visite du mausolée de Mao. Une foule de chinois, calme, disciplinée, défile selon un circuit imposé et chronométré. Nous faisons comme eux, hisoire de nous imprégner un peu de ce monument de l'histoire de la Chine. Malgré Tien An Men et le Tibet, il faut aller en Chine pour se convaincre de l'oeuvre de Mao et le culte que lui porte le peuple chinois est finalement assez compréhensible.
Enfin, les vélos. En 1994, l'automobile n'avait pas encore conquis la Chine, il n'y avait pas de voitures sur les grandes avenues autour de la place Tien An Men et 3 millions de vélos circulaient dans les rues de Pékin. Nous avons passé 2 journées magnifiques au milieu d'eux, arrêtés aux feux rouges sur 30 ou 50 files, démarrant prestement au feu vert pour ne pas être soulevés par le flot et visitant les hutongs aujourd'hui disparus.
La Cité Interdite à Pékin. 20 août 1994.
Marc Breuil et Béatrice de Voogd ont découvert la Mongolie en juillet - août 1994.
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